dimanche 30 octobre 2011

Peine d'amandes

En fin de journée, je suis retourné à l’hôtel pour poser quelques questions à Josie, la proprio de l’établissement. J’avais chargé des gars de mon équipe de le faire et cela n’avait rien donné. Elle n’avait rien vu, rien entendu. Me suis dit qu’il valait mieux plutôt deux fois qu’une et qu’avec un peu de chance, j’allais lui soutirer quelques informations.

— J’ai rien vu inspecteur, avec tout le monde qui passe, peux pas me souvenir de tout le monde.
— Laura, vous la connaissiez?
— Bien sûr, elle faisait deux à trois passes ici par nuit, parfois plus, parfois moins... vous savez, y a des choses qui demandent pas à se faire dans un plumard.
— Je vois... Et vous n’avez rien remarqué au sujet des gars qui sont montés avec elle cette nuit?
— Rien et pis moins j’en vois, mieux je me porte!
— Ouais, et si mes gars et moi, on ouvrait grands les yeux sur ce qui s’passe ici, hein?
— J’vous jure inspecteur, j’ai rien remarqué.

Je lui ai laissé ma carte et suis allé au bar d’en face. J’avais besoin d’un verre, l’image de Laura ne cessait de me hanter depuis le matin. C’était une chic fille et j’avais de la peine pour elle.

C’était un petit bar sympa, qui ne payait pas de mine de l’extérieur mais je m’y sentis bien. C’était la première fois que j’y mettais les pieds. D’habitude, quand je traînais dans le quartier, je buvais un verre dans un bistrot un peu plus loin, à l’angle de l’avenue.

J’ai commandé un whisky et posé quelques questions au patron. J’appris que Laura venait de temps en temps ici.

— Demandez au gars qui est au fond de la salle, ils causaient souvent ensemble.

Le type en question s’appelait Jimmy Jones, du moins, il se faisait appeler ainsi. Il venait quasiment tous les jours ici. Il passait son temps à écrire sur des feuilles volantes. Le patron me dit qu’il écrivait un roman ou un truc dans ce genre. Je m’assis en face de lui.

— Vous êtes flic?

Bon Dieu, je ne pensais pas que cela se voyait autant sur ma tronche.

— Vous savez pour Laura?
— Oui.

Et le type se mit à chialer. Il en pinçait vraiment pour elle. Il me dit qu’ils s’aimaient.

— Vous savez, j’écrivais sur elle, elle voulait que je la fasse belle dans mon roman. Mais elle était déjà belle, hein, n’est-ce pas inspecteur?

Je ne savais pas quoi répondre. Je suis sorti vite fait, j’avais envie de vomir et j’avais mal au crâne. J’entendais encore les derniers mots d’un passage qu’il m’avait lu.

« Le tendre de tes deux amandes vertes. »

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Pour lire toute l'histoire de Café Négro, visitez son blog ou lisez-la directement sur Kaosopolis.

2 commentaires:

  1. Décidément, ma vie n'est qu'un grand livre ouvert pour les scribes de Kaosopolis. J'aurais dû faire low profile. Moi et mes envies de glamour!

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