jeudi 22 avril 2010

Journal de Jimmy Jones - Jour 3

Le Ruth's Chris Steak House est un resto sympa. C'est là qu'après mon quart de jour je passe la plus grande partie de mes soirées à siroter des Kilkenny et à reluquer la faune de l'Inside City. Car il faut le dire, en matière de femmes, le quartier central de Kaosopolis n'est pas piqué des vers.

Femmes chaudes.

Hommes souls.

Parfait alliage de luxure et de fuite.

C'est là, surtout, que j'écris pour passer le temps. Nouvelles et récits pour oublier cette vie qui fut mienne:

La nuit tombait. J'étais assis dans un bar à N.D.Lay, près d'Ivory Boulevard. Un truc clinquant rempli de vieux hippies et de jeunes trous du cul cravatés. Je venais de terminer une lecture poétique dans un tout autre endroit rempli d'un tout autre genre de gens mais tout aussi trous du cul et cravatés. Le cirque habituel: le vieux Jimasky éructe son désespoir et son mal de vivre. Le barman s'est approché de moi. J'ai reconnu Joe Ghidetti. Un type que j'avais rencontré il y a une vingtaine d'années dans les bars de la Western Avenue.

— Ce vieux Jim, qu'il m'a dit, paraît que t'es venu montrer ton cul aux morveux de l'université.
— Le cirque habituel, j'ai répondu.
— Dis-moi Jim, tu dois connaître un tas de types bien placés à Vegas, hein vieux frère.

J'ai jamais été son vieux frère ni le vieux frère d'aucun connard de la Western Avenue.

— Laisse tomber Joe.

Il agrippa mon poignet de sa main poisseuse et approcha son visage du mien. Il dégoulinait de sueur.

— On sait ce que c'est, à Vegas, pas vrai. Copain et compagnie. Tout être humain a le droit à sa chance, pas vrai Jim? J'ai un numéro à t'montrer. Un numéro un peu spécial. Ça devrait leur plaire à Vegas.

Le mec me dégoûtait. Sa bouche sentait le vomi. Mais il avait raison: tout être humain a le droit à sa chance.

— Allez, déballe ta camelote, j'ai dit.
— Pas ici. Amène-toi chez moi, ce soir à 20h. C'est au bout d'la rue. Au-dessus du chinois. Y aura d'la bière et du whisky. Comme au bon vieux temps, n'est-ce pas vieux frère?

Je l'ai saisi au colbac et j'ai serré de toutes mes forces. Sa gueule de rata a commencé à virer au mauve.

— J'suis pas ton vieux frère connard.

J'ai laché la pression et lui ai adressé mon plus beau sourire.

— À 20h chez toi. Comme au bon vieux temps, hein Joe?

J'ai monté les escaliers à 20h tapantes. Qu'est-ce qui clochait chez moi? J'aurais pu finir la nuit avec une de ces pisseuses de l'université. Une soirée baise et littérature avec une fille de la haute. Elle m'aurait pompé le noeud. J'aurais déclamé quelques vers du grand Jeffers et raconter mon combat de boxe avec Hemingway. On aurait fini au plumard. Le vieux Léon Jimasky aurait trempé son poireau dans un jeune corps souple et bronzé, passé sa nuit à ramoner la chatte d'une étudiante férue de littérature. Je bandais comme un âne. Je frappai à la porte. Joe vint m'ouvrir. On aurait dit qu'il avait vu le Père Noël. Ça me calma aussi sec. Ce cinglé sautait sur place. Il gueulait:

— Nom de Dieu de bordel de merde, il est venu! Il est venu, nom de dieu, il est venu!

Derrière lui se tenait une fille brune d'environ 25 ans. Elle avait du noir autour des yeux et de long cheveux enserrés dans un bandeau violet.

Elle semblait avoir sa dose.

— Qui c'est ça, que je demande.
— Rien, une beatnik. Elle a un peu forcé sur la bibine, je crois.
— La bibine mon cul, j'ai répondu, elle est raide défoncée cette gamine.

Joe s'était approché de la fille. Il me regardait de ses yeux révulsés. Ce type était complètement dingue. Avant que j'aie pu faire un geste, il avait sorti un cutter et l'appuyait sur la gorge de la petite camée. Il continuait à me regarder.

— Pas vrai Léon qu'il vont aimer ça, à Vegas. Un happening, comme ils disent les morveux de l'université. J'vais égorger cette petite salope, là, devant toi, Jimasky. Une oeuvre d'art. Mieux qu'tes poèmes de merde, pas vrai?

L'ordure s'approchait de moi. Il avait fait une sale erreur. J'ai pivoté doucement sur le côté et j'ai pensé au vieil Hemingway. Je lui ai balancé un crochet du droit, juste au creux des reins. Il a lâché le cutter et la fille. J'l'ai terminé d'un uppercut du gauche. Joe Ghidetti s'est écroulé sur la moquette. J'ai poussé la fille vers la porte. Elle chialait.

Je suis resté un bon moment dans l'appartement. Joe avait tiré les rideaux et allumé quelques bougies. Sûr qu'il aurait fait un tabac. A North Beach ou à Greenwich Village. J'ai fini par sortir. La petite camée m'attendait en bas. Elle m'a souri. J'ai laissé tombé toute considération artistique. Je bandais à nouveau comme un âne.

Ce genre de récit, j'en ponds un par soir pas pour épater la galerie mais pour me sortir toute ces saloperies que j'ai subies à cause de Sam Fox, ce proxénète converti en homme respectable de la porno trash: bukake et autres cochonneries du genre, que Mélodie Nelson appréciait du temps de ses escapades d'escorte.

Le Ruth's Chris Steak House est un resto sympa. C'est là qu'après mon quart de jour je passe la plus grande partie de mes soirées à siroter des Kilkenny et à reluquer la faune de l'Inside City.

Et parfois, parfois, je pense à cette peinture de Lucien Schott et je chiale un bon coup.

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Pour lire toute l'histoire de Jimmy Jones, visitez son blog ou lisez-la directement sur Kaosopolis.

dimanche 18 avril 2010

N.D.Lay's Movies

C'est O'Flaherty qui a découvert le truc. Dans une pile de vieux Outsider tirés des archives papier de l'International Spy Foundation . Un rayon un peu désuet, consacré aux revues subversives particulièrement surveillées par le gouvernement fédéral.

L'irlandais, toujours au taquet sur la réputation de la maison a tenu à préciser:

- Attention, il ne s'agissait pas de travailler pour le gouvernement mais d'un projet interne strictement destiné à archiver les renseignements dans un but de conservation.

Je ne sais pas si le directeur du département de cryptologie est passé maître dans l'utilisation de la vaseline ou s'il peut être considéré comme le dernier des croyants.De toute façon, pour découvrir ce genre de pépite, je suis de toute façon prêt à avaler n'importe quelle saloperie de lubrifiant.

C'est une nouvelle écrite par Jimmy Jones dans un numéro dédié au maître de N.D.Lay. Un hommage. Un peu grossier mais bien ficelé. Je l'ai lu avec une certaine tendresse comme on regarde un vieux film en super huit .


La nuit tombait.

J'étais assis dans un bar à N.D.Lay , près d'illégal Boulevard. Un truc clinquant rempli de vieux hippies et de jeunes trous du cul cravatés.

Je venais de terminer une lecture poétique dans un tout autre endroit rempli d'un tout autre genre de gens mais tout aussi trous du cul et cravatés.

Le cirque habituel: le vieux Jimasky éructe son désespoir et son mal de vivre.

Le barman s'est approché de moi. J'ai reconnu Joe Ghidetti. Un type que j'avais rencontré il y a une vingtaine d'années dans les bars de la Western Avenue.


« Ce vieux Jim, qu'il m'a dit, paraît qu't'es venu montrer ton cul aux morveux de l'université.
- Le cirque habituel, j'ai répondu.
- Dis moi Jim, tu dois connaître un tas de types bien placés à Végas, hein vieux frère.
J'ai jamais été son vieux frère ni le vieux frère d'aucun connard de la Western Avenue.
« Laisse tomber Joe »
Il agrippa mon poignet de sa main poisseuse et approcha son visage du mien. Il dégoulinait de sueur.
« On sait c'que c'est, à Végas, pas vrai. Copain et compagnie. Tout être humain a l'droit à sa chance, pas vrai Jim ? J'ai un numéro à t'montrer. Un numéro un peu spécial. Ça devrait leur plaire à Végas»

Le mec me dégoûtait. Sa bouche sentait le vomi. Mais il avait raison : tout être humain a le droit à sa chance.

« Allez, déballe ta camelote, j'ai dit.
- Pas ici. Amène toi chez moi, ce soir à 8h. C'est au bout d'la rue. Au dessus du chinois. Y'aura d'la bière et du whisky. Comme au bon vieux temps, n'est-ce pas vieux frère ? »

Je l'ai saisi au colbac et j'ai serré de toutes mes forces. Sa gueule de rata commencé à virer au mauve.

« J'suis pas ton vieux frère connard ».

J'ai laché la pression et lui ai adressé mon plus beau sourire.

«A huit heure chez toi. Comme au bon vieux temps, hein Joe ? »

J'ai monté les escaliers à huit heures tapantes. Qu'est-ce qui clochait chez moi?

J'aurais pu finir la nuit avec une de ces pisseuses de l'université. Une soirée baise et littérature avec une fille de la haute. Elle m'aurait pompé le noeud. . J'aurais déclamé quelques vers du grand Jeffers et raconter mon combat de boxe avec Hemingway. On aurait fini au plumard. Le vieux Léon Jimasky aurait trempé son poireau dans un jeune corps souple et bronzé., passé sa nuit à ramoner la chatte d'une étudiante férue de littérature.

Je bandais comme un âne. Je frappai à la porte. Joe vint m' ouvrir. On aurait dit qu'il avait vu le père-noël. Ca me calma aussi sec. Ce cinglé sautait sur place. Il gueulait :


- «Nom de dieu de bordel de merde, il est venu ! il est venu, nom de dieu, il est venu ! ».

Derrière lui se tenait une fille brune d'environ vingt cinq ans. Elle avait du noir autour des yeux et de long cheveux enserrés dans un bandeau violet.
Elle semblait avoir sa dose
.

« Kicéça , que j'demande.
- Rien, une beatnik. Elle a un peu forcé sur la bibine, je crois.
- La bibine mon cul, j'ai répondu, elle est raide défoncée cette gamine.

Joe s'était approché de la fille. Il me regardait avec des yeux révulsés. Ce type était complètement dingue. Avant que j'ai pu faire un geste, il avait sorti un cutter et l'appuyait sur la gorge de la petite camée. Il continuait de me regarder.

« Pas vrai Léon qu'il vont aimer ça, à Végas. Un happening, comme ils disent les morveux de l'université. J'vais égorger cette petite salope, là, devant toi, Jimasky. Une oeuvre d'art. Mieux qu'tes poèmes de merde, pas vrai ?

L'ordure s'approchait de moi. Il avait fait une sale erreur. J' ai pivoté doucement sur le côté et j'ai pensé au vieil Hemingway. Je lui ai balancé un crochet du droit, juste au creux des reins. Il a lâché le cutter et la fille. J'l'ai terminé d'un uppercut du gauche. Joe Ghidetti s'est écroulé sur la moquette.

J'ai poussé la fille vers la porte. Elle chialait. Je suis resté un bon moment dans l'appartement. Joe avait tiré les rideaux. et allumé quelques bougies.

Sûr qu'il aurait fait un tabac. A North Beach ou à Greenwich village. J'ai fini par sortir. La petite camée m'attendait en bas. Elle m'a souri. J'ai laissé tombé toute considération artistique. Je bandais à nouveau comme un âne.

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Lire l'intégralité de l'histoire en cliquant sur N.D.Lay ou sur le blog Ma vie à N.D.Lay (journal de l'Ecrivain)

samedi 3 avril 2010

Zélig


Jimmy Jones
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Il semble avoir perdu toute identité précise. Omnniprésent et incertain , c'est l'associé de Charly Wang.
Je l'ai rencontré il y a quelque temps, casque de chantier sur la tête, participant à une de ces nombreuses opérations de nettoyage qui s'attaquent aux murs et aux rues de l'Inside City. Il m'est apparu ainsi à plusieurs reprises dans les tenues les plus extravagantes. En blouse d'épicier, tenant la caisse du magasin d'alimentation qu'il a ouvert avec le propriétaire du White Swan , un peu plus tard, en tablier rouge bordeaux, prenant commandes au Ruth Steack house et un soir, à l'International Spy Foundation , en bleu de travail , venant jeter un coup d'oeil à la chaufferie. Il m' a tendu un laisser-passer signé de la main même d'Ange Staboulov. A quoi joue-t-il ? O'Flaherty m'a proposé son aide.

"Mon vieux, le grand manitou n'est pas clair dans l'histoire. Il va foutre la fondation dans la merde avec ses magouilles".
L'irlandais tient a l'honneur de la maison. Il a mis à ma disposition les archives numérisées du département de vidéosurveillance. Je passe mes journées à les éplucher, l'oeil rivé sur l'écran de mon vieux Toshiba, guettant l'apparition de la silhouette familière de celui que le responsable de la crypto surnomme désormais "le caméléon".


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Lire l'intégralité de l'histoire en cliquant sous le titre sur N.D.Lay ou sur le blog Ma vie à N.D.Lay (journal de l'Ecrivain)