dimanche 9 octobre 2011

Entre quat'z'yeux (suite)

Le saligaud vivait dans les beaux quartiers, loin des rues crasses où il débarquait ses filles chaque soir. Elle était rentable sa petite entreprise et il gérait cela avec aisance. A cette époque, une bonne douzaine de filles tapinait pour lui. Cela représentait pas mal de fric.

Il me reçut en peignoir. Apparemment, il venait de se lever.

- Nom de Dieu, vous dormez jamais vous les fics ?
- J’suis pas un veinard comme toi Eddie, faut que j’gagne ma croûte. Une de tes filles, Laura, est au frigo.
- Je sais mec et tu crois quoi ? Que c’est moi qui l’ai butée ?
- J’crois rien Eddie, j’me pose juste des questions, c’est mon boulot, les questions.

Il avait la réputation d’être dur avec ses filles, de leur mettre des trempes bien carabinées mais je savais qu’il était en dehors de cette histoire. C’était pas son genre. Il était bien trop malin. Quand il ne faisait plus confiance en une fille, il s’arrangeait pour la faire devenir dingue. C’était pas compliqué. Elles carburaient toutes à l’alcool et la dope. Il suffisait de bien charger la came et faire péter les plombs à la fille. Qui pouvait croire une pute complètement cinglée ?

Je regardai les chaînes autour de son cou, de l’or massif, du très lourd. J’eus envie de lui demander si ses bijoux en dessous de la ceinture valaient aussi leur pesant d’or. J’avais envie de me marrer. C’était pas une bonne idée de poser cette question alors je dis rien.

- Ecoute Max, j’avais aucun intérêt à liquider Laura, ok ? Elle était chouette et bossait bien. Tous les michetons la voulaient. C’était une chic fille n’est-ce pas mon Lou ? Ha ha ha

Je n’ai pas relevé mais j’avais froid dans le dos. Que savait-il exactement à mon sujet ?

- Qu’est-ce que tu crois p’tit inspecteur ? Que t’es le Maître es Filature ?
- T’as une idée de qui a pu faire le coup ? Tu sais ce qu’on lui a fait ?
- Ouais je sais.. et j’ai aucune idée et si j’savais, crois-moi, t’en saurais rien. J’règle mes comptes tout seul.

Quelque chose me disait qu’il en savait plus qu’il le prétendait mais je n’insistai pas.
Il était temps de prendre congé.Dans le couloir, je croisai une de ses filles, une superbe brune.

Elle me regarda et me fit un petit sourire. Ses yeux , immenses, lui dévoraient le visage.
Je pensai à Laura et son regard vide.

****

Pour lire toute l'histoire de Café Négro, visitez son blog ou lisez-la directement sur Kaosopolis.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire