mercredi 27 janvier 2010

Le silence des mouches


D’abord un malaise, un inconfort. Puis une sourde évidence : quelque chose ne va pas. Ou plutôt les choses ne se produisent pas comme elles devraient se produire. Le bon sens voudrait qu’à ce moment précis, dans cette pièce, le corps de Dounia frétille de mouches pondeuses, pourrisse dans un festin de larves, s’évanouisse sous des escouades de diptères agrippés à ses moindres orifices, se décline en cinq services pour une horde de convives nécrophages.

Quatre jours depuis son assassinat.

Et pourtant, le corps inerte de Dounia est là, ferme, imputrescible, ses chairs desséchées lui donnent une texture de papier froissé. Un papier froissé... cette page arrachée du Journal de Jimmy Jones. Entre mes doigts, je lis:

(…) La toile représente une femme (ou un homme?), vu de dos des pieds aux épaules, allongé sur un tapis angora; son corps traverse la toile par la diagonale sud-ouest nord-est, le galbe de ces fesses ne permet pas de déterminer l'âge du modèle.

Ce tableau dont parle Jones, je crois me rappeler… un tableau dans un sale état, le cadre rongé par les rats, un foutu vieux tableau, une lacération sur le galbe des fesses. Putain de mémoire à deux balles, où est-ce que j’ai vu cette connerie de tableau?

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